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lundi 11 juin 2012

Le curieux procès.Galane.2012.



L’avocat :
Vous nourrissez une haine barbare pour la gente animale, mais si, ne niez pas, il n’y a qu’à regarder vos tableaux !
Le présumé coupable :
Je ne comprends pas ce qu’on me reproche.
L’avocat :
Vous ne voyez pas ? vous n’avez pas la moindre petite idée ?
Le présumé coupable :
Je me contente de peindre et de dessiner, je n’ai de haine pour personne.
L’avocat :
Très bien, nous allons entendre le premier témoin. J’appelle Madame Rondin à la barre. S’il vous plaît, madame pouvez vous dire dans cette assistance, ce que vous avez confié au juge hier matin ?
Premier témoin :
C’est que je suis timide. Bon, je vais essayer de dire tout ce que je sais. C’est que je n’y connais rien en  peinture, alors vous comprenez, moi, ce que je pense, ne va peut-être pas vous aider.
L’avocat :
Pourriez vous cerner le sujet qui nous intéresse plus précisément ?
Premier témoin :
C’est que monsieur ne peint et ne dessine que la moitié des choses.
L’avocat :
De quelles choses précisément parlez vous ?
Premier témoin :
He bien des bêtes en particulier. Il leur manque toujours quelque chose. C’en est même indécent !
L’avocat :
Là ! vous avez entendu ? Monsieur estropie ses sujets, il les massacre, c’est un criminel ! Mais il va plus loin encore ! Tenez, je fais circuler les pièces à convictions. Mesdames et messieurs les jurés, regardez les dessins je vous prie. N’y voyez vous pas un esprit maléfique ? cet homme est insensible, il est froid, et toute son œuvre est le portrait vivant de ce qu’il incarne.
Madame Rondin, vous pouvez regagner votre place.
J’appelle à la barre le deuxième témoin, Monsieur plancher.
S’il vous plaît monsieur, pouvez vous nous dire ce que vous savez sur cet homme ?
Deuxième témoin :
J’étais en train de promener mon chien, comme je fais chaque jour, et comme il pleuvait, j’ai du remonter chez moi pour prendre un parapluie, il faisait du vent aussi et la nuit allait tomber…
L’avocat :
Monsieur Plancher, après les considérations climatiques, pouvez vous avancer et nous dire ce qui vous a interpellé ce soir là ?
Deuxième témoin :
Personne ne m’a interpellé, j’étais tout seul avec mon chien.
L’avocat :
Il s’est passé quelque chose ce soir là qui vous a choqué, quel est cet événement ?
Deuxième témoin :
Ah oui, j’y suis, j’ai sifflé mon chien. D’habitude, il revient tout de suite, mais là, je l’ai retrouvé en compagnie du peintre, et le chien avait l’air de bien le connaître ; Il restait assis à côté de lui. Alors je me suis approché, et c’est comme ça que j’ai vu ce qu’il faisait!
Pouvez vous dire à l’assistance ce que faisait le peintre ?
Il dessinait mon chien. Mais quand j’ai vu le tableau j’ai été très choqué. Il n’avait qu’une patte, pas de queue et un ventre énorme. Il avait commencé à barbouiller le haut en rouge ! j’étais outré.
L’avocat :
Merci monsieur Plancher. Vous pouvez regagner votre place.
C’est tout monsieur le président.

Le juge :
La parole est à la défense, Maître Jeanjean, à vous !

L’avocat de la défense :
Mesdames et messieurs, on parle ici d’un acte monstrueux, mais mon client n’est en rien coupable. Il n’a jamais torturé qui que ce soit !
A-t-il tué un animal ? la réponse est non !
A-t-il martyrisé un animal ? la réponse est non !
Alors, quel est le crime pour lequel mon client a été arrêté ?
Je vais vous le dire : le peintre que vous voyez ici, est un homme humble, bon, affable, bref, il n’a rien d’un tortionnaire, il peint la gente animale selon une représentation qui échappe aux personnes qui ne connaissent rien à l’art.
Je dirais même que ces toiles sont issues d’une vision naîve de ses sujets ! des enfants ne seraient pas choqués de les voir, ils lisent des contes autrement plus choquants où règne une atmosphère de peur et de terreur !
Soyons sérieux : lorsque nous voyons une personne de profil, voyons nous  les deux côtés à la fois ? ou une partie nous est-elle cachée nécessairement par l’autre ?
Alors pourquoi voulez vous que mon client ne représente pas ses sujets partiellement. Y voyez vous un acte de barbarie ?
Réfléchissez, mesdames et messieurs, lorsque votre enfant dessine son père en lui coupant les bras, est-il pour autant un assassin ?
Ne voyez vous pas là, au contraire un reste d’enfance dans les peintures de mon client, qui exprime la tendresse et l’amitié pour la gente animale ?
Maintenant, j’aimerais entendre le premier témoin.
 Madame Rondin, s’il vous plaît, je vous ai entendue et j’ai bien compris  combien l’art de mon client vous est incompréhensible. Je vois que vous portez des lunettes, portiez vous vos verres lorsque vous avez vu les toiles du peintre ?
Le premier témoin :
Il y a longtemps que les lunettes ne servent plus à rien, je ne vois pas plus avec que sans.
L’avocat de la défense :
Mais alors comment pouvez vous décrire et affirmer  que mon client n’aime pas les animaux au vu de sa peinture ?
Le premier témoin :
C’est mon mari qui m’a décrit ce qu’il voyait, et ça ne m’a pas plu du tout !
L’avocat de la défense :
Merci madame Rondin. J’appelle le deuxième témoin à la barre.
Monsieur Plancher, vous avez le mérite d’avoir vu de vos yeux un dessin de mon client. Ce jour là, il pleuvait, la nuit était en train de tomber, êtes vous sûr d’avoir vu correctement le dessin ?
Le deuxième témoin :
J’ai regardé sur son épaule, mais je cherchais mon chien.
L’avocat de la défense :
Et vous avez reconnu le portrait de votre chien ?
Le deuxième témoin :
Oui, c’était bien lui, en moins beau.

L’avocat de la défense :
En somme cet animal n’était ni amputé, ni manchot, il ressemblait même à votre chien !
N’y voyez vous pas de la bienveillance à l’égard de votre animal ?
C’est tout monsieur Plancher, vous pouvez regagner votre place.
Monsieur le président, mesdames et messsieurs les jurés, j’en appelle à la clémence et à la réflexion.
Mon client n’est coupable que d’avoir exercé son art !
Est-il nécessaire de comprendre une œuvre pour l’aimer ?
Combien de candidats au baccalauréat on réfléchi sur l’art ou sur la beauté ! la représentation d’un sujet quelle qu’elle soit ne préjuge en rien des sentiments de son auteur, lorsque celle ci n’est ni offensante ni injurieuse.
Je demande l’acquittement pour mon client. Merci.



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Je vis dans l'Ile de La Réunion depuis novembre 1970 et je m'y plais. J'ai fait toute ma carrière d'enseignante à La Réunion. J'aime dessiner, peindre, coudre, lire et écrire.

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