Elle ne
sait plus comment retrouver son chemin
Hier elle a
confondu la porte du dehors
Et celle
des toilettes d’un rouge carmin
Elle n’a
pas discerné malgré tous ses efforts
La maison
et la rue ne reconnaissant rien
Il s’est
fallu d’un rien, juste une inattention
Pour
qu’elle tombe parterre et se casse les reins
Et s’excuse
encore dans la désolation.
Elle sait
la politesse et les remerciements
Elle
connaît les caresses, les bonnes attentions
Quelques
mots d’autrefois reviennent par moments
Qu’elle
retrouve joyeuse et avec émotion.
Ses enfants
voudraient tant reprendre du début
Le chemin
parcouru, refaire marche arrière
Montrer la
bonne route, apporter son tribut
Pour
protéger enfin cette adorable mère.
Mais il
n’est plus question que de soins intensifs
De peur, de
malheur, de larmes, et de regrets
La maladie
installe un besoin exclusif
L’avenir
s’assombrit dans le plus grand secret.
Elle
souffre désormais de ne plus retenir
Ce qui
était sa vie, l’amour de son mari
Les noms et
les visages et sait juste sourire
De la
confusion et des regards contrits.
Apprendre
l’alphabet, relire une chanson
Montrer un
animal dans un livre d’école
L’oblige à
travailler des petites leçons
Tandis que
son esprit fatigué caracole.
Et ses
enfants couvrent cette mère de baisers
Pour
adoucir sa peine et la réconforter
On maquille
son teint, on cherche à l’apaiser
Pour
confondre le mal et mieux le supporter.
Aujourd’hui
aucun mot n’exprime la douleur
De savoir
cette mère à jamais alitée
Elle ne
connaîtra plus les instants de bonheur
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