Il devait arriver par le train de Genève
Le lendemain matin et elle patientait.
Toute la soirée elle vécut en rêve
Son retour au pays et elle le guettait.
Elle tournait en rond, refaisait sa coiffure
Et cherchait dans la glace le moindre défaut
Il était si charmant et avait belle allure,
Un jeune homme plaisant tout à fait comme il faut.
Elle puisait dans sa lettre les mots amoureux
Et goûtait doucement les phrases bien tournées
Elle allait partager des moments chaleureux
Ce plaisir ne pouvait pas être encore ajourné.
Car la semaine dernière et le mois précédent
Elle l’avait attendu derrière la fenêtre.
Chaque fois il y avait un léger incident
Qui reportait la rencontre des deux êtres.
Elle se réconforta avec des friandises
Et calma son esprit déjà indocile
Il ne fallait pas que demain on lui dise
Qu’il ne se rendrait pas à son domicile.
Il devait avoir eu de sérieuses raisons
Pour annuler ainsi leurs premiers rendez-vous
Mais elle espérait tant de leur brève liaison
Qu’elle allait pardonner, se jetterait à son cou.
On sonna à la porte avec insistance
Un voisin, sans doute, du même palier
C’était un facteur de bien belle prestance
Il apportait le télégramme familier.
Il ne viendra donc pas, pleura-t-elle en silence
Pourquoi aimer cet homme qui se moque de moi
Elle compris ses manœuvres et son indifférence
Et jura
d’évincer ce parleur discourtois.
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