Un bouquet magnifique est posé sur
la table
Enveloppé d’un voile transparent et
doré
Une petite carte tout à fait
adorable
Accompagne les fleurs vives et
colorées.
Encore des roses remarque-t-elle
d’un ton las
Ce n’est pas très varié, cela
m’ennuie vraiment
J’eusse aimé un cadeau de ce grand
échalas
Lança-t-elle à la ronde, dédaigneusement.
J’irai, soupira-t-elle à ce dîner
dansant
Tant-pis si je convoite un autre
soupirant
Il faut bien que l’on voit que j’ai
un amant
Mes amies m’envieront dit-elle en se
poudrant.
Et les roses meurtries ne sont plus
abreuvées
Que de l’unique sève qui tenait
éveillées
Les tiges et les pétales maintenant
délavés
Les boutons s’affaissent à peine
réveillés.
Le velours antique et pâle du
bouquet
Se colore d’un brun de tabac
chiffonné
Elles eussent orné la nappe d’un
banquet
Elles se flétrissent et meurent
abandonnées.
Et l’hôtesse parée de damas et de
soie
Recueille les hommages des hommes du
salon
Ils s’attardent un moment, puis
partent en convoi
Dans les belles voitures en petit
bataillon.
Sur la table à présent une rude main
preste
Prend délicatement le présent
odorant
Un triste soupir accompagne ce geste
Dans la douceur d’un soir douloureux
et pesant.
Et la vieille servante ravive les senteurs
Aux notes fraîches et tendres des
roses jaunies
Elle écourte les queues et délasse
les fleurs
Qui trouveront place dans son petit
garni.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire