Il supporte
les ans et se tient fièrement
Malgré le
poids des charges de certaines ânées
Il a juste
au milieu quelques affaissements.
Hier il a
vu naître des amoures enfantines
Et il a
entendu les plus beaux des serments
Elle jurait
sur le sang d’une orange sanguine
Qu’ils se
retrouveraient là éternellement.
Et les
pierres du pont se souviennent encore
Du rire des
enfants et de leur course folle
Il tenait à
la main des fleurs de boutons-d’or
Tandis
qu’elle disait une fable d’école.
Les soirs
de rendez-vous de lune incertaine
Le pont
revêt de mousse le pied des arceaux
Où nichent
les herbes et plantes souterraines
Il écoute,
attendri, les vœux des jouvenceaux.
Les fleurs
grimpantes se glissent vivement
Et
recouvrent de mauve ou de pourpre le pont
Puis
s’égarent, enfouies dans le ravinement
Elles
meurent et font place aux pâles liserons.
Mais voilà
que venant d’un chemin attenant
Une meute
de chiens accourt et déambule
Ils
prennent en otage un matou grisonnant
Et
traversent le pont, vivement, bousculent
L’édifice
meurtri par toutes ces foulées
Qui
piétinent et saccagent son parterre fleuri.
Et les
rampes accablées de soleil, et brûlées
Résistent à
cet assaut qui l’a endolori.
Les pierres
refroidies se fondent dans la nuit
Et goûtent
le silence du calme recouvré
Mais
songeuses, elles espèrent retrouver le bruit
Des amoures
pour lesquelles elles ont tant œuvré.
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