On l’avait ramené d’une contrée lointaine
Et placé sur le mur tapissé du salon.
Il racontait l’histoire de la vie africaine,
Des âmes égarées des petits négrillons
Le masque bariolé et modeste à la fois
Criait sa négritude et maudissait les dieux
Qui l’avaient condamné à vivre sous la loi
D’étrangers manifestes dont il fuyait les yeux.
Les balafres blanchies et les cheveux épars
Et la bouche lippue de tous ses ancêtres,
Il crispait un sourire et figeait son regard,
Et voulait exprimer quelque part son mal être.
Que faisait il ici dans une demeure blanche
Où la tapisserie trahissait la culture
De parents émigrés depuis l’outre Manche
Affichant les tableaux de leurs villégiatures.
Il regardait, secret, ces gens, dans le silence
Amusé ou contrit selon l’humeur des lieux
Et comptait tirer une intime expérience
D’une vie exotique sous ses yeux malicieux.
Une main attentive le dépoussiérait
Et arrachait au mur ce trophée pittoresque
On racontait alors qu’il dissimulerait
Des ensorcellements maléfiques ou presque.
Il reprenait sa place parmi tous les objets
Qui avaient voyagé sur bien d’autres navires,
Attendant que l’on vienne parler à son sujet
Il écoutait alors en masquant ses soupirs.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire