Défilé des âmes, qui, perdues dans la nuit
Profitent de ce jour pour fêter la victoire
De ces hommes oubliés défilant aujourd’hui
Et qui pèsent trop lourd dans les pages d’histoire.
Et les absents respirent l’odeur de la poudre
Et chantent dignement, saluant les drapeaux.
Ils ne craignent plus les éclats de la foudre
Et voudraient revêtir gaiment une autre peau.
Mais il n’est plus question de monter en surface
Et de crier la peur à l’aube des combats
Ils cherchent à reconnaître un visage, une face
En masquant les fusils qui pèsent dans les bras.
Que passent les armées, que défilent les chars
Et que vienne le jour où nul sera vaincu
Que tous les fusillés acclament qu’il est tard
Pour se faire tuer par les casques pointus.
Ici on rêve et passe et la terre engloutit
Des années de misère pour une croix d’honneur
Ceux-là qu’on a trouvés enfouis dans le glui
Reposent en serrant
une main sur le cœur.
Une pluie de canon abreuve la mémoire
Des anciens cartonnés dans leur coffre de fer
Ils croyaient brandir dans un geste de gloire
Le courage de vivre
en ces matins amers
Et meurent en s’enfonçant dans un bourbier immense
Que des pieds étrangers reviennent piétiner.
Ils prient dans le silence de peur que recommence
Les guerres intestines qu’ils ne peuvent mener.
Alors, le cœur tremblant des esprits égarés
S’enfonce dans la nuit pour paraître le jour
Il esquisse un sourire blafard, évaporé
Et se raidit enfin comme une peau de tambour.
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