Dix ans se
sont passés, mais où êtes vous donc
Je ne sais
plus de vous vos parfums entêtants
Vos robes à
froufrou de fils d’étamine
Et vos bas
ajourés de soie ou de linon
Avez vous
oublié ma frileuse gamine
L’éclat
rouge du soir de soleil envoûtant
Où nos
pieds nus glissaient sur le sable doré
Jonchés de
coquillages et d’algues safranées.
La froidure
me gagne et je ne sais comment
Rappeler ce
visage pour me ressusciter
Car je
meurs de n’avoir plus que des fleurs fanées
Et la pluie
de printemps sur mon cœur dévoré.
Le souffle
du dehors ne me décoiffe plus
Mon ange
venez voir et venez feuilleter
Notre livre
d’amour, nos temps d’égarement.
Nos
serments éternels, notre soif absolue.
Je vous ai
vu pleurer et conjurer le ciel
Qu’il me
laisse un jour de plus dans vos bras
Qu’il vous
emporte aussi puisque je vous quittais
Et j’ai
senti vos mains tremblantes sur le drap
Qui recouvrait
mon corps que la mort vous prenait.
J’ai peur
que votre rire impromptu matériel
N’ait
retrouvé sa place au monde des vivants
Je
voudrais, égoïste, vous ravir à nouveau
Et écarter
de vous le moindre effleurement.
Combien il
serait doux d’être aimé comme avant
De sortir
et quitter ce bien triste tombeau
J’ai tenté
bien des fois de cogner à la porte
De ce cœur
adoré, tout aussi vainement,
Vos étiez
occupée ou vous faisiez en sorte
Cachant vos
souvenirs, le moindre événement
Pour vivre
simplement. Et je happe l’air frais
J’apprends
à respirer et j’écoute les pas
De chaque
visiteur, j’essaie de deviner
Le son de
vos talons et vos bouquets de fleurs
Et nos
codes d’amour que nul ne déchiffrait.
Et la terre
durcie, ralentit et éloigne
Les mots que
vous dites et les pousse au trépas.
Pourtant
j’ai entendu la brise tout à l’heure
Souffler des
aveux afin qu’ils me rejoignent
Mais le
vent est tombé, étouffant chaque mot.
Et la robe
fuchsia qui balayait le sol
S’anime
follement sous la démarche vive
Me voici
enfermé dans mon sombre cachot
Errant dans
la nuit noire et que rien ne console
Replié sou
mon drap tel une sensitive.
Et la
bruine fait fuir les cœurs déchirés
Partant
vers un ailleurs où nous ne pouvons suivre
Mes voisins
prisonniers, mes amis ignorés
Voudraient
un seul instant exister et revivre
Alors, le
soir venu, nous chantons doucement
Appelant de nos vœux le dernier
firmament.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire