Une ombre longue et grise avance vivement
Le buste se balance souple et
articulé
Et suit sur le trottoir des voisins indolents
Il s’arrête et s’adosse dans un
style coulé.
Les ombres portent toutes les mêmes
habits
Raccourcies, étirées ou bien
filiformes
Elles masquent et bousculent l’ordre
établi
Et effacent les traits, abolissent les normes.
Il n’est pas un modèle de gens
importants
Ou bien un gabarit d’ombres de
pauvres gens
Et leur aspect dépend durant un
court instant
De la faible lumière d’un soleil
indigent.
Les arbres et les maisons dessinent
au fusain
Les lourds contours grisés de leur
ossature
Que la pénombre enterre jusqu’au
lendemain.
La pauvreté s’estompe dans le
clair-obscur.
Un certain jour de pluie arrache aux
objets
Leur double torturé aux contrastes
savants
Et le gris de la pluie enlève les
effets
Aux choses et leur rend un aspect
décevant.
Alors sur le trottoir délavé et
crotté
Les ombres ne sont plus que des
figures brouillées
Au dessin miroitant ou pâle,
escamoté
Le gris gomme les ombres sur les
sols mouillés.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire