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vendredi 14 mai 2010

L'hérésie de l'ordre.

Faut-il vraiment mettre de l'ordre partout?
Depuis la plus tendre enfance, on nous apprend à classer, trier, plier, ranger. Il faut mettre de l'ordre dans la chambre,  dans le cartable, dans les cahiers, dans la tête. Les pouvoirs politiques créent des lois, les institutions mettent en place un système d'encadrement,  édictent des règles et veillent à leur acquisition. On peut penser que le défaut d'obéissance à ce cadre peut mener vers des débordement de personnes, voire de foules. Les rois l'avaient bien compris, qui condamnaient à la peine de mort toute désobéissance et confondaient la religion et le pouvoir en la même personne. Ainsi déplaire à Dieu, c'était déplaire au Roi. L'hérésie absolue. Depuis la naissance du monde, les chefs de tribu, les chefs de gouvernement n'ont pas dérogé de cette règle: pour que les membres de chaque société puissent vivre en bonne communauté, il faut établir des limites et créer des sanctions.
 Si l'on postule que l'ordre est nécessaire pour que la vie en société soit possible, on admet que l'établissement de règles de vie , de lois, et de  morale est nécessaire et implique que chaque individu observe ces règles et obéisse aux lois.  Seulement chaque individu a une définition de l' ordre qui lui est propre et se soumet plus ou moins difficilement aux règles imposées. Dès qu'on oppose   à  une envie  une limite, le seuil est perçu comme une gêne et déclenche une frustration qui peut entraîner des paroles ou des actes violents. Pourquoi certains s'adaptent-ils aussi facilement au cadre qu'on leur impose, et pourquoi d'autres ne supportent-ils pas d'être empêchés? N'ont-ils pas été à la même "école de la vie"?
Les études des sociologues depuis le début du siècle montrent comment la conformité au groupe social auquel on appartient est nécessaire pour y être accepté. Ce groupe social est le référent, il implique, pour se fondre dans le groupe, obéissance et respect des traditions, respect de la hiérarchie, protection et éducation  des  jeunes afin de prolonger cet état de partage. Deux groupes sociaux dont la norme de vie sociale est éloignée ne peuvent donc se comprendre. On peut imaginer ce qu'une foule contient de diversités de groupes sociaux et combien l'affrontement verbal, puis physique s'impose . L'incompréhension est totale et les représentations qu'ont les groupes les uns des autres peuvent justifier la violence qui accompagne leur rencontre.
N'ont-ils pas appris les mêmes règles? Si, mais ils s' approprient les règles en fonction de leur environnement proche et du bain culturel qui les accompagnent depuis la naissance. Ici, la règle est primordiale, elle constitue la base de l'éducation. Mettre de l''ordre, c'est s'organiser pour être efficace et réussir. L'acquisition de compétences est elle même planifiée et subordonnée à l'ordre et aux méthodes, et  répond aux aspirations élevées de la famille. Dans ce moule social structuré , le respect aux règles est une évidence, c'est une des clés de la réussite. Sous-jaçent à ce modèle, on peut imaginer combien la distance est grande entre l'ici et l'ailleurs des couches sociales, quand, pour  ce dernier, l'absence de cadre fragilise l'acquisition de compétences et les rend inefficaces.
Ailleurs, les aspirations sont tronquées depuis l'enfance. Le modèle familial est pesant . Il faut fournir un travail énorme pour se départir des règles du groupe, ou de la carence des règles.
L'ordre? quel ordre? Pourquoi ne pas choisir la liberté?
Les médias citent des cas de réussite de personnes qui n'ont pas bénéficié des règles et du statut de l'ici. Ils doivent leur réussite à des motivations intrinsèques: sortir de la misère, et à des motivations extrinsèques associées à la notion de richesse et de pouvoir. Généralement, ces réussites sont peu nombreuses, et forcent l'admiration. On découvre souvent que le groupe social et culturel auquel appartenait ces personnes était démuni des ressources essentielles et ne permettait pas l'accès à la connaissance. Est-il temps de changer de moule, et est-ce nécessaire?
La liberté, la bohème, l'errance,  le je-m'en-foutisme, sont parfois l'apanage d'individus qui sont issus du cadre de l'ici et qui partent ailleurs exercer leur crise, ou pousser plus loin leur désir de connaissance d'un monde qui leur est étranger, et auquel ils aspirent appartenir l'espace d'un bout de vie.
Pour ceux-là, le non respect des règles est transitoire et le retour au sein de groupe sans trop de conséquences. Le même individu issu de l'ailleurs, aura peu de chance de se promouvoir dans la couche de l'ici et la réintégration dans le moule familial sera vécu comme une dégradation de son pouvoir, une destitution douloureuse.
Ne peut--on désobéir qu'un peu? Peut-on jouer le double jeu, c'est à dire avoir l'air de se couler dans le moule et faire ce que l'on veut? Il faudrait débattre sur ce sujet et apporter la preuve que ne respecter l'ordre qu'en façade est possible. Cela voudrait dire qu'entre la connaissance des règles et leur application, il existe un espace tangible, qui permet de jouir d'un sentiment de liberté formidable: celui de  tout remettre en ordre avant la sanction, celui de garder le pouvoir malgré les règles.



 

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Je vis dans l'Ile de La Réunion depuis novembre 1970 et je m'y plais. J'ai fait toute ma carrière d'enseignante à La Réunion. J'aime dessiner, peindre, coudre, lire et écrire.