Si vendre dix parts vaut dix fois sa part
Cent parts à six sous valent six cents parts
Je m ‘empare d’un cent dis-je, à part, car
Un samedi sans part c’est six cents fois moins
Que la somme du départ. A moins que le tout
Ne soit dissout dans la mise à part ?
Cent fois moins que le tout,
Me direz vous c’est mieux que rien du tout !
Un sans sous sans rapport,
Et qui mise des clous c’est plus fort encore
Car il n’a pas d’apport ! Il est sans part
Avec rien dans les poches. Quand l’un dit :
Les paris du sans sous valent des clous,
Je dis : stop ! vendre, dit, c’est très fort
Mais, des clous, ce pari nous met sur le tapis !
J’entends les vendre au litre , dit le sans sou encore
Un cent de clous à boire à présent ? je retire ma part !
Je préfère mon rien à ce tout dérisoire.
Le cent de clou c’est fou, n’est pas la mer à boire !
Les avis des parieurs furent donc divisés
Les six sous des cent parts ne valaient pas un clou.
Il fallut d’autre part miser sur le sans sous
Qui avait mis la salle tout sens dessus dessous
Et cotait six cent balles le panier de cent sous.
Que le vendeur s’emballe et s’empare du tout !
Disaient les médisants fervents du tout au tout.
Du tout, disaient les autres, de plus en plus fort,
Les six cent balles iront au coffre fort.
Lors, ne s’entendant plus , ils comptèrent les clous
Ils divisèrent le litre, ce qui était très fort
Puis ils le pesèrent , la tare valant six sous.
L’aiguille de la balance ne donnant que le poids
Indiquait que le litre valait son peson d’or
Ce qui perturba le sans sous plus encore
Les autres se liquéfiant au sein du coffre fort.
A boire ! criaient ceux-ci étendus sur le sol
Des clous ! répondait-on , nous sommes les plus forts.
Un parieur de cent sous prit enfin la parole
Et dit : il faut en finir, mesurons nos efforts ou
Je parie qu’à ce rythme demain nous serons morts !
Ils reprirent leur mise, celle de cent sous
Et mirent sur le tapis le litre de clous,
Déduite de la tare de six sous
Retournèrent leurs poches, prenant l’air offensé
Et se serrèrent la main comme si rien ne s’était passé.
Ils allèrent au bistro picoler un bon coup
Et parièrent que certains ne tiendraient pas le coup
Ivre de liberté, je criais tout d’un coup :
C’est la porte ouverte ici, aux mauvais coups !
Le barman s’enflamma et siffla d’un seul coup
Tous les verres des parieurs et cria, haut et fort,
Puisque vous voulez jouer les matamores,
Sur celui qui tient sur les mains après cet effort
Je parie six sous et peut être plus encore !
Les autres, qui venaient de perdre cent sous
Et qui, dans les poches, n’avaient que des clous
Dirent : on va se refaire, appelèrent le sans sou
Et lui dirent de venir avec eux boire un coup.
Le plus jeune s’exerça, renouvela ses efforts
Mais tomba sur le dos, il dut boire encore
Le plus vieux tomba sur le sol raide mort
Puis il se releva injuria le barman
Lui disant qu’il n’était pas un gentleman
Et pria le sans sous de sauver leur honneur.
Celui-ci s’échauffa, but d’un coup quelques verres
Il se mit sur ses mains sans retomber parterre .
Une pluie de paris arriva sur le bar
Les uns mirent des clous, d’autres des cigares
N’ayant plus de sous, ce fut la bagarre
Les gendarmes entrèrent sans crier gare !
Et raflèrent la mise du départ.
On pourrait croire que l’histoire finit là,
Mais la troupe arrêtée, au lieu de se calmer
Vole et rue dans les pattes des poulets
Et disent en chœur, vous venez nous plumer !
Voilà deux heures qu’on parie nos six sous
Et vous dites qu’on est tous un peu saouls !
Et qu’on devra mettre nos chemises au clou
Pour payer les verres à six sous.
Le barman nous regarde en dessous
Et dit :emmenez les, ils ne tiennent pas debout
Et rendez moi la mise, il y en a pour cent sous !
Les gendarment obtempèrent, tous à moitié grisés
Boivent à notre santé, payant avec nos sous.
Le barman étourdi ne voit rien, félicite
La maréchaussée qui rit de ce bon coup
Et nous voilà bernés , enlisés jusqu’au cou
Pensant que nos cent sous ne valaient pas un clou.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire